Où la lumière s'effondre - Une vie sans internet ?


Dans la Silicon Valley, deux hommes ont décidé de détruire Internet, le réseau qu'ils ont pourtant contribué à créer et grâce auquel ils ont réussi leur vie. Paul Mercier et Robin Valéry se connaissent depuis l'enfance et quand l'un des deux se fait tirer dessus, leur projet de destruction se trouve fortement compromis.

*Partenariat
Livre reçu gratuitement en échange d'un avis honnête
Merci à Decitre, NetGalley et aux Éditions Plon

J'étais curieuse au sujet de ce roman et j'étais bien loin de me douter à quel point je me retrouverais face à un objet littéraire particulier. Le style tout d'abord, qui est très "vaporeux" (je ne sais pas comment le qualifier autrement). Il me fait vaguement penser au style de Haruki Murakami. On a l'impression d'être dans un rêve, certains passages sont confus et d'autres sont très terre à terre puisqu'on alterne les élucubrations confuses du narrateur et ses réflexions très pragmatiques

" Si vous êtes bête et pauvre, vous n'aurez sur Facebook que des amis bêtes et pauvres, et vous ne trouverez sur Google que des contenus appréciés par les gens bêtes et pauvres "

Robin nous explique comment Paul et lui ont mis la Silicon Valley à leurs pieds en créant des sites internet, des services et en développant sans cesse de nouvelles idéesIl est difficile d'aimer ce personnage, il est cynique, hautain et un peu mégalomane sur les bords. Il considère les "non codeurs" comme inférieurs à lui. Difficile donc de ressentir de l'empathie pour l'homme mais on développe plutôt une curiosité concernant son futur et celui de son associé, Paul.

" Tu ne sais pas coder, c'est-à-dire que tu ne sais pas parler, ni lire, ni écrire, tu es une analphabète "

Le roman est extrêmement défaitiste voir pessimiste. Il y a également un véritable antagonisme entre les deux personnages principaux. D'un côté, un génie du code qui se considère comme supérieur aux autres. De l'autre, un idéaliste que tout le monde aime, celui qui veut détruire internet parce qu'il ne supporte pas ce que l'outil est devenu.

" Mercier explique pourquoi et comment Internet est devenu une gigantesque machine à contrôler, surveiller, abrutir, pervertir et engendrer ce qu'il nomme "une violence non actualisée" "

Le roman nous place face à nous-mêmes, à nos contradictions et à notre propre addiction. Parce que si demain internet venait à disparaitre que deviendrions-nous ? Internet est devenu un outil tellement incontournable que le simple fait d'imaginer une telle situation nous semble impossible. Et pourtant... Comment faisions-nous avant ? Peut-on accepter de revenir en arrière ? Sommes-nous prêts ?

" Un monde où beaucoup d'individus sont obligés d'en écouter quelqu'un-uns, toujours les mêmes, sans pouvoir critiquer ou répondre, c'est un monde fasciste "

A la fin de ma lecture, je me suis retrouvée esseulée et dépitée, le pessimisme du roman m'avait atteinte moi aussi. Je suis heureuse de l'avoir lu, parce qu'il m'a rappelé à quel point j'étais dépendante. Mais peut-être est-il déjà trop tard pour stopper tout ça ?

" Pour ma part, je consulte un médecin trois fois par semaine ; je suis extrêmement riche et je ne conçois pas la mort "

Une curiosité littéraire, entre thriller, drame et réflexion sur la société. Un brin philosophique puisqu'il nous pousse à nous interroger sur notre vie dans ce 21ème siècle hyper connecté. Un peu anxiogène aussi mais très agréable à lire. 


Où la lumière s'effondre - Guillaume Sire
Plon, 240 pages

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